jeudi 4 septembre 2008

Des liens plus forts avec l'Asie - Le journal du CNRS - CNRS

En physique des particules, le CNRS collabore de plus en plus avec l'Asie. Pour preuve, la création depuis 2006 de trois Laboratoires internationaux associés (LIA) avec le Japon, la Chine et la Corée, et bientôt d'un quatrième avec le Vietnam.

Alors que démarre le plus ambitieux projet de collisionneur de particules au monde, le LHC (Large Hadron Collider) du Cern1, un constat s'impose : jusqu'à présent, mis à part l'Europe elle-même, les États-Unis ont été les principaux partenaires de la France dans ce domaine. Cependant, durant la dernière décennie, les pays asiatiques ont connu un développement spectaculaire. Ceux-ci participent de plus en plus aux projets de collisionneurs internationaux. Il était donc grand temps d'ouvrir de nouvelles voies de dialogue entre physiciens français et asiatiques.
C'est pourquoi l'Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3), en collaboration avec les universités, le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), et le ministère des Affaires étrangères, cherche aujourd'hui à consolider ses liens avec l'Asie. En deux ans, trois laboratoires internationaux associés (LIA) ont déjà vu le jour en partenariat avec le Japon, la Chine et la Corée. L'intérêt de ce type de structure ? Les LIA assurent la distribution de ressources financières, humaines et de coordination, facilitent les procédures administratives liées aux déplacements à l'étranger, ainsi que l'obtention de visas pour les étudiants asiatiques qui souhaitent poursuivre leurs études en France.
Un tout nouveau LIA avec le Vietnam, nommé FV-PPL (Laboratoire de physique des particules franco-vietnamien), sera donc inauguré dans les prochaines semaines dans le domaine de la physique des particules. Deux directeurs, un pour chaque pays partenaire, superviseront le laboratoire et organiseront des colloques réguliers pour stimuler de nouveaux projets de recherche. François Le Diberder, directeur scientifique adjoint de l'IN2P3 pour la physique des particules, se dit confiant sur ce point : le Vietnam sera un jour un partenaire à part entière au sein des projets de collisionneurs de grande envergure. De nombreux étudiants vietnamiens sont d'ailleurs formés à la physique nucléaire et des hautes énergies dans des laboratoires français. « Grâce au LIA FV-PPL, nous espérons aider à former une partie de la future élite scientifique du pays », explique François Le Diberder.
Depuis 2006, trois LIA similaires ont déjà été inaugurés. Physiciens français et japonais ont ainsi ouvert leur premier LIA, baptisé FJ-PPL, en physique des particules en mai 2006. Cette collaboration s'est concentrée sur le LHC et sur l'ILC (International Linear Collider), un accélérateur de particules linéaire qui devrait venir compléter les résultats du LHC au début des années 2020. Comme les deux LIA qui ont suivi, le laboratoire ne se cantonne pas aux hautes énergies : il explore notamment la physique des quarks et des neutrinos, la cosmologie et les applications médicales. Une certitude toutefois : « La création du LIA a aidé à établir un climat de confiance et, par suite, une coopération plus rapprochée entre les physiciens des hautes énergies des deux pays », poursuit François Le Diberder. FJ-PPL est déjà un succès. Par exemple, le Japon est aujourd'hui directement relié à la France pour l'analyse de données du LHC. De même, deux projets de détecteurs concurrents pour l'ILC, l'un majoritairement asiatique, l'autre majoritairement européen, ont fusionné.
En avril 2007, c'est au tour de la Chine d'inaugurer le FC-PPL, après une longue collaboration informelle entre les deux pays. Aujourd'hui, le FC-PPL est aussi fécond que son homologue japonais. Les quatre expériences du LHC sont représentées au LIA, y compris le travail déterminant sur les grilles de calcul et l'aspect recherche et développement de l'ILC. Aujourd'hui, tous les laboratoires IN2P3 impliqués dans la physique des hautes énergies travaillent avec la Chine.
Dernier en date, le Laboratoire de physique des particules franco-coréen (FK-PPL) a vu le jour en mars dernier. Son but : renforcer les collaborations entre ces deux pays, à la fois en physique des hautes énergies et en grilles de calcul. Les physiciens français et coréens travaillent en particulier sur le développement de nouveaux détecteurs pour l'ILC. Le laboratoire CNRS le plus engagé avec la Corée se situe à Clermont-Ferrand où, en plus d'une collaboration sur les applications des grilles de calcul à la médecine, des travaux conjoints sont effectués sur Alice, l'un des quatre détecteurs du LHC. Une forte collaboration a également été établie entre le Centre de calcul de l'IN2P3 et le Kisti, le Centre national coréen de ressources informatiques. Grâce aux technologies de grilles, les données d'Alice seront analysées conjointement entre la France et la Corée.
Prochaine étape pour l'IN2P3 : créer un Institut international associé (IIA), une structure qui fédérera les quatre laboratoires franco-asiatiques et fera du CNRS un partenaire incontournable dans la région.

Lucille Hagège

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